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« Nous sommes le 8 mai 2022, jour de commémoration d’une guerre qui aura laissé de lourdes traces et séquelles dans les mémoires. Pourtant l’histoire, tôt ou tard, quoique l’on dise, qu’on que l’on fasse, vient nous rattraper et nous rappeler ce que sont les ferments de la guerre.

A quoi sert le souvenir quand on constate que la guerre est à nouveau aux portes de l’Europe ? Le conflit en Ukraine, comme tout conflit, est né, malgré les craintes des uns et des autres et il se poursuit avec les explications et justifications des uns et des autres… Sans que l’on soit certain que notre monde sache raison gardée.

Est-ce que notre monde est en train de respecter la génération de celles et ceux qui ont connu la 1ère guerre mondiale de 14/18. Cette génération s’est éteinte aujourd’hui, cette génération dont certains d’entre nous ont connu et entendu la mémoire et les sages paroles d’anciens se souvenant des origines de « leur guerre ». Aurait-on oublié la transmission de ces anciens qui pendant 4 longues années avaient eu le temps de réfléchir et de comprendre la genèse de cette guerre. Cette génération serait sans nul doute affligée et stupéfaite par certains commentaires.

Quant à la génération qui a connu et été victime de la guerre de 39/45 et dont la mémoire vivante est aujourd’hui également pratiquement éteinte, ne serait-elle pas outrée de voir que l’on ignore à ce point l’histoire et les conséquences d’une guerre qui pourrait ou peut devenir mondiale ?

Nous avons le devoir et l’obligation de nous interroger sur les transmissions et peut-être et surtout sur les incompréhensions de nouvelles générations plus nourries par les réseaux sociaux que par les leçons d’histoire…

La lecture événementielle d’aujourd’hui, comme celle qui était en 14/18 ou 39/45 (moins médiatisée à l’époque) doit nous interroger au-delà de nos peurs ou de nos sentiments d’impuissance. Le devoir de mémoire passe aussi par là…

Que Vladimir Poutine ait pu s’inspirer de Munich dans un discours en 2014 aurait dû un peu plus nous interroger et nous faire réagir. Si cela n’interroge pas les consciences, c’est que plus personne ne se rappelle de ce qui s’est passé à Munich en 1938, mais pire, sans doute, c’est que la grande majorité d’entre nous n’a pas cherché à comprendre.

L’histoire est ténue et s’acharne tant que l’on se refuse à en comprendre la logique…

Est-ce à ce point compliqué de comprendre que lorsqu’il y a des volontés hégémoniques, que lorsque des pays qui en leur sein sont partagés par des différences de langues et cultures, lorsqu’il y a des enjeux prégnants de pouvoirs, Est-ce à ce point compliqué de comprendre qu’il y a les graines de la guerre et qu’il faudrait s’en préserver ?

Est-il à ce point compliqué de comprendre que toutes les fois qu’un peuple confie le pouvoir à un homme qui se l’accapare, les graines de guerre peuvent germées, se reproduire et être envahissantes ?

Que certains concitoyens français ose dire que Vladimir Poutine éradique un foyer nazi m’interpelle et me ferait sourire si la guerre n’était pas à notre porte!

Je sourirais sans doute aussi lorsque certains, oubliant de faire la différence entre un dictateur pervers narcissique et la suprématie américaine, se font les défenseurs de Poutine.

Mais la guerre est là en Europe, avec un alignement de 2 facteurs qui rendent les choses potentiellement dangereuses : l’arme atomique et un homme dont on ne sait de quoi il est capable.

Face à celles et ceux qui portaient les idéaux qui ont fait la grandeur de la France, celles et ceux qui ont construit les bases de la résistance en 39/45, celles et ceux qui ont cru en une Europe unie, sommes-nous véritablement en train de respecter leur mémoire ? La question est belle et bien posée.

Il faut le dire et le réaffirmer : certains de nos concitoyens ont une drôle de lecture de l’histoire, même si ce n’est pas nouveau en soit. Aujourd’hui, jour de commémoration, nous nous devons par respect à toutes et tous, combattants pour la liberté de relire notre histoire et mais aussi et surtout d’essayer d’en comprendre les logiques en gardant l’ouverture d’esprit suffisante…

Il y a toujours des raisons qui justifient une guerre mais seule la raison nous appelle et nous conduit à la paix.

Ne l’oublions jamais….»

Raphaël PERRIN
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« La guerre a eu lieu. Si tragique et terrifiante. Rien ne fut plus comme avant. Rassemblés et fraternels, nous ne l’oublions pas.

La guerre a lieu. Si proche et dramatique. Le visage de l’Europe en est changé. Rassemblés et fraternels, nous le savons.

En ce 8 mai 2022, dans chaque ville et village de France, sur nos places, squares et jardins municipaux, devant nos monuments aux morts et mémoriaux, nous commémorons le 77ème anniversaire de la fin de la Seconde Guerre mondiale en Europe avec une singularité toute particulière, en écoutant les douloureux échos du temps.

Le 8 mai 1945, notre continent voyait s’achever cinq années de tempêtes, de douleur et de terreur. Ivresse de la victoire mais détresse face à l’immense sacrifice consenti. Dans cette joie bouleversée, les embrassades n’ont fait oublier qu’un temps les villes ruinées, les campagnes exsangues, les proches disparus, les restrictions. L’humanité a payé le plus lourd tribut de son histoire. Elle a vu la barbarie nazie franchir le seuil de l’inhumanité et de l’indicible. Elle a découvert, stupéfaite et horrifiée, qu’elle pouvait s’anéantir elle-même.

Chaque année, avec fidélité, avec reconnaissance, la Nation porte son regard et son affection en direction de celles et ceux qui sont morts pour elles, vers celles et ceux qui ont combattu avec abnégation et qui ont contribué à abattre le fléau nazi.

Nous nous souvenons du combat acharné des armées françaises et des armées alliées sur tous les fronts, des Français Libres qui n’ont jamais cessé la lutte, du courage des résistants de l’intérieur, de chaque Française et Français qui a refusé l’abaissement, de cette armée des lumières dans l’obscurité. Dans les pas du Général DE GAULLE, ils ont permis à la France de rester la France.

Pour notre pays, ce combat prit de nombreux visages et la victoire mille chemins. Elle exigea tant de courage, de larmes, de deuils et de sacrifices. Il y a 80 ans, en 1942, la phalange héroïque des Français de Bir-Hakeim tint tête aux divisons italiennes et allemandes. Dans un océan de sable, ils ont résisté à tous les assauts. Ils incarnent aujourd’hui encore l’orgueil de notre pays et font vibrer le cœur des peuples libres. Nous nous souvenons aussi du raid mené sur le port de Dieppe, du sacrifice des soldats canadiens, britanniques et américains qui ont ouvert la voie de la libération de la France. Nous entendons encore les cris et les pleurs des raflés du terrible mois de juillet 1942, ceux des victimes, femmes, hommes et enfants, de l’ignominie et de la folie criminelle.

Nous, qui savons la fragilité de la paix, le passé nous instruit, les morts nous instruisent. La mémoire est un héritage autant qu’elle est une leçon.

D’abord, l’unité de la France qui n’est jamais aussi forte que lorsqu’elle est rassemblée et solidaire, que lorsqu’elle se soustrait à la fureur des dissensions et des divisions, que lorsqu’elle regroupe le meilleur d’elle-même pour construire les ambitions du Conseil National de la Résistance.

Ensuite, le chemin de l’Europe qui fut le seul pour la réconciliation des nations européennes, qui a été façonné par les rêves de plusieurs générations successives, qui demeure celui de l’espérance dans le progrès collectif, celui du refus du nationalisme, celui d’une fraternité vivace.

Enfin, ce chemin de l’unité et de l’Europe n’est rien sans l’attachement viscéral de la France à la dignité de l’Homme et à ses droits fondamentaux. Ce combat nous le poursuivons ensemble. Inlassablement.

En Français. En Européens. En femmes et hommes libres. »

Geneviève DARRIEUSSECQ, ministre déléguée auprès de la ministre des Armées, chargée de la mémoire et des anciens combattants

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La cérémonie s'est clôturée par l'hymne Urkrainien joué par la fanfare du Haut Jura

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