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Je suis triste de ne pouvoir accompagner la dépouille mortelle de Monsieur Jacques Dalloz. Notre commune vient de perdre son doyen. Elle perd surtout un baron d’industrie attaché par-dessus tout à son territoire. Sur les bancs de l’école communale, rien ne semblait prédire la réussite exceptionnelle de cet homme. L’élève rechignait à vouloir apprendre au grand désespoir de son Maître. Le pauvre instituteur, « un Daloz » était loin d’imaginer à quelle vitesse Jacques calculera, le moment venu, les coûts de revient de production, les pertes ou gains de change, comme il n’imaginait pas non plus que pour Jacques, la géographie allait se résumer en des centaines d’heures de vol et plusieurs tours du monde. À son jeune âge, Jacques préférait s’amuser. Ayant déjà l’âme d’un meneur d’hommes, avec une grande audace, il embarque ses copains dans une aventure qui fera grand bruit et la une de la presse. Et pourtant tout cela ne semble pas émouvoir son père Alfred qui a sans doute assez tôt détecté le vrai potentiel de son fils Jacques. Les années d’après guerre sont décisives. Le père, fondateur des Établissements Dalloz Frères, a 50 ans, le fils Jacques en a 25. Jacques prend pour épouse Gisèle Benoit. Une union que le père Alfred a aussi appelé de ses vœux car il avait bien compris quelles seraient les forces de ce couple, tant leurs personnalités étaient complémentaires. Gisèle était cultivée, férue de langues, prête à parcourir le monde. Une femme d’ambition qui saura accompagner et préserver son époux. Le père Alfred leur met le pied à l’étrier : le jeune couple prend son envol pour l’autre bout du monde à la conquête des marchés. Loin d’être un théoricien des marchés, Monsieur Jacques est un grand intuitif avec un sens inné des affaires. Des affaires qu’il conduira avec grande rigueur et toujours un souci constant d’économie. D’années en années, de nouvelles sociétés consolident le groupe Dalloz qui prospère et passe sans dommage les crises des 2 chocs pétroliers. Les entreprises concurrentes en difficulté sont rachetées. Puis c’est au tour de Philippe d’entrer en scène. Ce nouveau binôme (Jacques et Philippe) va fonctionner à merveille, chacun dans son jeu de rôle. Je reste convaincu que Monsieur Jacques prenait toujours une posture pour tester, pour provoquer mais aussi sans doute pour se rassurer. Philippe reconnaît avoir passé de belles années professionnelles avec son père. Ce père passionné de Golf qui n’hésitera pas à investir dans un domaine bien différent de l’industrie. Le groupe Dalloz va continuer son essor. En 1996, M. Jacques n’est pas peu fier d’avoir construit une usine de plus d’un hectare à 1000 m d’altitude dans son pays de cœur, Septmoncel. Pour ma part, ce sont au cours de ces 20 dernières années que j’aurai appris à connaître et apprécier Monsieur Jacques. Je ne dirai pas que les échanges ont toujours été simples. A plus de 80 ans, il avait encore tout son « mordant ». Maître Vuillet pourrait en témoigner. Je crois avoir vite compris que j’étais testé, qu’il fallait rester droit et que la confiance et le respect ne pouvaient se construire qu’au prix d’une relation juste et sans arrières-pensées. Ces dernières années, j’aurai eu un réel plaisir à chaque fois, de retrouver, au travers d’une rencontre, son œil vif pétillant et son sourire malicieux et bienveillant. Si nos convictions respectives pouvaient quelquefois rester point de divergence, je crois qu’il était heureux de voir qu’avec Philippe, nous partagions son amour inconditionnel du pays.



Je salue l’homme sous toutes ses facettes, y compris le joueur de tarot émérite. Au revoir Monsieur Jacques. Reposez en paix aux côtés de Gisèle et des vôtres.



Toutes nos condoléances à Catherine, Philippe, Sarah, à ses petits enfants et arrière petits enfants et à toute la famille.



Raphaël PERRIN, Maire de Septmoncel les Molunes